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ÉTUDES ET PROJETS DE RECHERCHE

2015 - La consommation de jus de fruits est associée à un meilleur indice d’alimentation saine chez les enfants et les adultes en France

Francou A, Hébel P, Braesco V, Drewnowski A. Consumption patterns of fruit and vegetable juices and dietary nutrient density among French children and adults.Nutrients 2015; 7 : 6073-6087

Introduction et objectif de l’étude

En 2013, les enfants français (3–14 ans) consommaient en moyenne 83ml de jus de fruits et de légumes (JF&L) par jour, et les adultes (21 ans et plus) 54,6 ml par jour (1). Ce travail étudie l’association entre la consommation de JF&L et la qualité globale de l’alimentation.

Matériel et méthodes

La consommation de JF&L (pur jus et jus à base de concentré) est évaluée à partir de l’enquête Comportements et Consommation Alimentaire en France (CCAF) du CREDOC, conduite en 2013. Elle recense les consommations alimentaires de 809 enfants (3–14 ans) et 1 121 adultes (21 ans et plus) pendant 7 jours consécutifs. La qualité globale de l’alimentation a été évaluée à partir de l’indice NRF 9.3. Cet indice, calculé selon une méthodologie validée et publiée en 2012 (2), permet de calculer la densité nutritionnelle d’une alimentation à partir d’un algorithme précis : NRF9.3 = (A9 - B3) x 100 / apport énergétique où A9 correspond à la somme des contributions aux ANC (Apports Nutritionnels Conseillés) pour 9 nutriments à encourager (protéines, fibres, vitamines A, C et E, calcium, fer, potassium et magnésium) et B3 équivaut à la somme des contributions aux valeurs maximales recommandées pour 3 nutriments à limiter (acides gras saturés, sucres libres et sodium).

L’association entre la consommation de JF&L et l’équilibre alimentaire a été évaluée par régression multiple, ajustée de l’âge, sexe, niveaux d’éducation et de sédentarité.

Résultats et Analyse statistique

  • Les consommateurs de JF&L ont un score plus élevé chez les enfants et les adultes, et donc une alimentation de meilleure qualité nutritionnelle.
  • La quantité de JF&L consommée influence positivement l’indice de densité nutritionnelle
  • Les consommateurs de JF&L ont également tendance à consommer plus de fruits et légumes au global et sont plus nombreux à atteindre la recommandation PNNS de 5 fruits et légumes par jour.
  • La consommation de jus de fruits n’est pas impactée par la catégorie socio-professionnelle, contrairement à celle des fruits, les jus de fruits étant très souvent plus abordables financièrement que les fruits entiers.
Score NRF9.3 pour les consommateurs et non-consommateurs de jus de fruits répartis en quartiles de consommation. Les résultats sont présentés pour les enfants (Q1 = 29 ml/j ; Q2 = 72 ml/j ; Q3 = 129 ml/j ; Q4 = 240 ml/j) et pour les adultes (Q1 = 23 ml/j ; Q2 = 65 ml/j ; Q3 = 118 ml/j ; Q4 = 247 ml/j). 3
Conclusion

Chez les adultes comme chez les enfants français, la consommation de jus de fruits observée en 2013 est associée à une meilleure densité nutritionnelle du régime alimentaire. Associée à un plus faible gradient socio-économique que celle des fruits, elle aide à atteindre l’objectif du Programme National Nutrition Santé (PNNS) des 5 fruits et légumes par jour, le jus de fruits ne comptant que pour 1 seule des 5 portions de F&L.

(1) CREDOC, Enquête CCAFF 2013
(2) Drewnowski A. The Nutrient Rich Foods Index helps to identify health, affordable foods. The American Journal of Clinical Nutrition 2010;91(suppl.):1095S-1101S.
voir l’article scientifique >

étude comparative des teneurs en nutriments de jus d'orange pressé par le consommateur, par rapport à un jus d'orange du commerce

Introduction et objectif de l’étude

Existe-t-il une différence nutritionnelle entre les jus de fruits du commerce et les jus de fruits pressés à la maison ? Pour répondre à cette question, UNIJUS a commandité en 2014 une étude ayant pour but d'analyser et de comparer la composition nutritionnelle de jus d'orange du commerce et de jus d'orange pressé « maison ». L'étude a été réalisée sur le jus d'orange, car il s'agit du jus de fruits le plus consommé en France.

Matériel et méthodes

L'analyse a été effectuée sur deux échantillons :

  • Un échantillon de 12 jus d'orange du commerce à teneur en fruits 100% (regroupant 4 jus à base de concentré et 8 purs jus) représentatif de la consommation française. Sur ces 12 jus d'orange, 4 sont enrichis en vitamine C et 2 en vitamine C et B9 (folates). Les jus d’orange ont été prélevés dans le commerce 2 à 3 mois après leur embouteillage.
  • Un échantillon de 12 jus d'orange préparés selon les habitudes des consommateurs français (1). Pour réaliser cet échantillon, des « oranges à jus » ont été utilisées et pressées 3 à 11 jours après leur achat.

Les paramètres qui ont été évalués et mesurés sont les teneurs en sucres totaux, sucres individuels (fructose, glucose, sucrose), vitamine C, folates, fibres et polyphénols totaux.

résultats et conclusions Cette étude a permis de montrer que :
  • Les jus d'orange du commerce ne contiennent pas plus de sucres que les jus d'orange pressés. En effet, conformément à la réglementation, les purs jus et jus à base de concentré contiennent uniquement le sucre naturellement présent dans les fruits.
  • Environ 85% de la vitamine C est toujours présente dans les jus d'orange du commerce lors de leur consommation. Les pertes en vitamine C dans les jus d'orange du commerce sont ainsi maîtrisées.
  • Le vieillissement de la vitamine C est globalement identique entre les 2 types de jus d'orange : les pertes sont très faibles au cours de la période de stockage de 2 jours au réfrigérateur.
  • Les jus d'orange du commerce contiennent moins de vitamine B9 que les jus d'orange pressés. Cependant environ 75% de la vitamine B9 est encore présente dans les jus d'orange du commerce.
  • Les jus d'orange du commerce contiennent autant de polyphénols que les jus d'orange pressés.
  • Les jus d'orange pressés, comme les jus d'orange du commerce, contiennent très peu de fibres.
(1) Enquête de consommation UNIJUS-CSA de mars 2014

Projet AGRUVASC :
étude de l'effet d'une consommation conséquente et régulière d'agrumes sur la protection vasculaire - rôle spécifique de la composante phytomicronutriments. Approche clinique et mécanistique in vitro et sur modèles animaux

Partenaires

Le projet AGRUVASC est un projet de recherche fondamentale à débouché industriel coordonné par l’ENITA de Bordeaux. Il associe aussi UNIJUS, NATUREX et Fruival, ainsi qu’un laboratoire de l’INRA de Clermont-Ferrand (Unité de Nutrition Humaine) et l’Equipe de l’Université Bordeaux 2 spécialisée dans l’étude des facteurs de risque vasculaire. Le projet a commencé en janvier 2007 et a duré 36 mois.

Introduction et objectif du projet

Les études épidémiologiques ont clairement établi qu'il y a un bénéfice important à consommer des fruits et légumes, notamment pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Parmi les fruits les plus consommés en France, on trouve les agrumes qui sont essentiellement consommés sous forme de jus avec une nette prédominance du jus d'orange. Le principal objectif de ce projet est de bien caractériser l'effet d'une consommation d'agrumes sur les facteurs de risque vasculaire et d'évaluer le rôle spécifique des polyphénols et des caroténoïdes des agrumes dans cette protection.

Matériel et méthodes

  • Une étude clinique a été menée chez des hommes âgés de plus de 50 ans, ayant un taux de cholestérol légèrement supérieur à la normale, mais sans antécédent de maladie cardio-vasculaire. Ils ont pris quotidiennement, pendant une période de 1 mois, soit 600 mL de jus d’orange soit 600 mL d’une boisson semblable au jus d’orange sans ses phyto-micronutriments. Les patients ont ensuite alterné les traitements : ceux ayant reçu le placebo lors de la 1ère étape ont alors reçu le jus d’orange et vice-versa. Puis, après une période de « wash-out », ceux qui avaient été sous jus d’orange ou boisson contrôle ont pris la boisson placebo ou le jus d’orange respectivement pendant un mois.
  • Des analyses sanguines chez les volontaires ont identifié les principaux polyphénols d’orange et de pamplemousse et les variations de composés sanguins engendrées par la consommation de ces jus.
  • En complément, les mécanismes par lesquels les phyto-micronutriments des agrumes peuvent influencer la protection vasculaire ont été abordés par des études sur deux modèles de souris : des souris saines nourries avec un régime gras et des souris atteintes d’athérosclérose (maladie cardiovasculaire). Toutes les souris, saines ou malades, recevaient une alimentation enrichie en ces micronutriments.
  • Pour explorer les mécanismes cellulaires et moléculaires mis en jeu, le travail a aussi été complété par des études sur des cellules isolées de la paroi vasculaire avec les principaux métabolites identifiés.

Résultats majeurs du projet

  • La prise de jus d’orange chez les volontaires augmente de manière significative les teneurs en antioxydants dans le sang par rapport à la boisson contrôle. Les effets antioxydants sont potentiellement protecteurs des maladies cardiovasculaires car ils empêchent l’oxydation des lipoprotéines.
  • Chez les souris et sur les cellules, le principal polyphénol du pamplemousse (naringine) semble être plus efficace que celui de l’orange (hespéridine) en tant que facteur de prévention du risque vasculaire. La prise de quantités alimentaires de polyphénols d’agrumes semble permettre chez la souris de s’opposer aux effets délétères d’un régime athérogène mais ne permet pas de soigner des souris malades. Toutefois, ces informations devront être confirmées au niveau clinique.
Conclusion

Les jus d’orange et de pamplemousse dans les quantités dans ces études pourraient donc s’avérer positifs pour la prévention du risque vasculaire dans le cadre d’un régime varié et équilibré.

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