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JUS DE FRUITS & SANTÉ

Les jus de fruits possèdent de nombreuses qualités nutritionnelles (richesse en vitamines, minéraux, polyphénols et bêta-carotènes) qui en rendent la consommation intéressante. Que dit la science sur les liens entre consommation de jus de fruits et la santé ?

Jus de fruits, surpoids et obésité

En France, les jus de fruits sont consommés en quantité et fréquence raisonnable. De plus, l’enquête sur les Comportements et Consommations Alimentaires en France(1) montre que la consommation de jus de fruits est la même quel que soit l’Indice de Masse Corporelle des personnes.

Ainsi, les jus de fruits tels qu’ils sont consommés en France ne semblent pas être associés à un surpoids ou une obésité.

La majorité des études internationales portant spécifiquement sur les jus de fruits suggère que la consommation de jus des fruits n’est pas associée à une surcharge pondérale, voire qu’elle pourrait même être associée à un statut pondéral plus favorable. Cependant ces études sont peu nombreuses(2, 3, 4, 5, 6) et lorsqu’un lien est constaté (positif ou négatif), il est parfois difficile de savoir s’il est attribuable aux jus de fruits ou bien également à d’autres caractéristiques du comportement alimentaire des consommateurs.

Jus de fruits et santé bucco-dentaire

Dans le contexte habituel de consommation des jus de fruits (lors des repas, et avec un temps de contact avec les dents très court), les jus de fruits ont un faible pouvoir cariogène.

L’impact des jus de fruits sur l’apparition des caries dépend en effet très largement des habitudes alimentaires et des conditions de consommations. Toutefois, le principal facteur de risque est l’absence d’hygiène bucco-dentaire.

Contrairement à certaines idées reçues, la quantité de sucres consommée n’est pas le seul facteur favorisant l’apparition des caries.

Les nombreuses études épidémiologiques menées au cours des vingt dernières années ont révélé une relation faible entre la consommation de sucres et l’incidence de caries dentaires(7). De plus, il est bien établi que le pouvoir cariogène des aliments et boissons est majoré par les deux facteurs suivants(8) :

  • Une fréquence importante des prises et en particulier lors du grignotage,
  • Un temps de contact prolongé entre la dent et les sucres et une adhérence des résidus aux parois dentaires(9).

Les jus de fruits sont peu concernés par ces deux facteurs car le temps de contact avec les dents ne dure que quelques secondes et ne laisse pas de résidus, et la consommation de jus de fruits hors repas est très limitée (seulement 8% de la consommation des jus de fruits chez les enfants et 15% chez les adultes(1)). De plus, les jus de fruits sont consommés principalement dans le cadre du petit déjeuner et du goûter, accompagnés d’autres aliments qui contrebalancent l’acidité des jus de fruits (effet « tampon » sur l’acidité buccale) comme les produits laitiers par exemple.

Sachant que les comportements sont plus importants que les critères physico-chimiques des aliments(10), l’UFSBD (Union Française pour la Santé Bucco Dentaire) recommande surtout d’éviter le grignotage et de bien se laver les dents après les repas(11).

Jus de fruits et santé cardiovasculaire

Les résultats des études disponibles sur les liens entre consommation de jus de fruits et risques associés aux maladies cardio-vasculaires sont plutôt positifs et encourageants. Cela peut s’expliquer par la richesse globale des jus de fruits en polyphénols et autres antioxydants naturels (vitamine C, vitamine A et caroténoïdes) qui suscitent de plus en plus d’intérêt dans la prévention des maladies cardio-vasculaires.

La vitamine C participe en effet à la formation du collagène qui intervient dans le fonctionnement normal des vaisseaux sanguins(12), et contribue donc à une bonne santé cardiovasculaire.

Une étude prospective(13) a mis en évidence une diminution significative du risque d’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) (-19%) chez des femmes qui avaient une forte consommation de flavanones (un polyphénol à propriétés antioxydantes) (issus en grande partie d’un mélange de jus d’orange et de jus de pamplemousse, à raison d’environ un verre de 200 ml/j) contrairement à celles qui en consommaient peu.

Les études d’intervention, de plus en plus nombreuses semblent encourageantes et en faveur d’un effet favorable des jus d’agrumes sur la fonction endothéliale qui est associé au risque cardio-vasculaire. Notamment, deux études d’intervention ont mis en évidence, chez des individus à risque cardio-vasculaire modéré, une amélioration significative de la fonction endothéliale (fonction de la paroi intérieure des vaisseaux sanguins, qui est associée au risque cardio-vasculaire) après la consommation journalière de jus d’agrumes (500ml/j soit environ 2 verres) pendant une période suffisamment longue (14, 15).

Interactions jus de fruits et médicaments

Certains aliments ou boissons peuvent influencer l’activité des médicaments. Ces éventuelles interactions entre médicaments et aliments sont clairement indiquées dans la notice.

Par exemple, malgré les nombreux bienfaits du pamplemousse, l’interaction de ce fruit consommé sous toutes ses formes avec plusieurs types de médicaments est bien connue.

Elle peut être à l’origine d’une augmentation des effets indésirables et d’une diminution de l’efficacité du médicament. Deux classes de médicaments sont particulièrement concernées :

  • Certains médicaments utilisés pour faire baisser le taux de cholestérol dans le sang : la simvastatine, et dans une moindre mesure, l’atorvastatine ;
  • Les immunosuppresseurs préconisés contre les rejets de greffes (tacrolimus, ciclosporine…).

L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) conseille d’éviter de prendre un jus de pamplemousse dans les 2 heures qui précèdent la prise des médicaments concernés et d’éviter l’excès de consommation de ce type de jus durant le traitement (un maximum de 250 ml/jour). En revanche, il faut savoir que les jus de pomme et d’orange ne provoquent pas d’interactions connues. Il ne s’agit pas d’interdire certains aliments, mais plutôt d’une recommandation de bien distinguer les moments de consommation de pamplemousse et de médicaments chez les personnes concernées.(16)

Pour plus d’informations à ce sujet >
  1. Enquête CCAF (Comportements et Consommations Alimentaires en France) 2016 du CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie)
  2. Schulze MB and coll. Sugar-sweetened beverages, weight gain and incidence of type 2 diabetes in young and middle-aged women. JAMA 2004 ; 292 : 927-34.
  3. Faith MS and coll. Fruit juice intake predicts increased adiposity gain in children from low-income families : weight status by environment interaction. Pediatrics 2006 ; 118 : 2066-75.
  4. 34. 0’Connor TM and coll. Beverage intake among preschool children and its effect on weight status. Pediatrics 2006 ; 118 : e1010-8.
  5. Berkey CS and coll. Sugar-added beverages and adolescent weight change. Obes Res 2004 ; 12 : 778-88.
  6. Pereira MA and coll. Consumption of 100% fruit juice and risk of obesity and metabolic syndrome : findings from the national health and nutrition examination survey 1999-2004. J Am Coll Nutr 2010 ; 29 : 625-9.
  7. Van loveren C and coll. Rôle de l’alimentation dans la prévention des caries. Cahiers de Nutrition et de Diététique 2006 ; 41 : 341-346.
  8. Gustafsson BE and coll. The Vipeholm dental caries study ; the effect of different levels of carbohydrate intake on caries activity in 436 individuals observed for five years. Acta Odontol Scand 1954 ; 11 : 232-64.
  9. Gardiner JA and coll. The effect of different concentrations of sugars in two foods (yoghurts and baked beans) on plaque pH. Int Dent J 1997 ; 47 : 115-20.
  10. Van loveren C and coll. Rôle de l’alimentation dans la prévention des caries. Cahiers de Nutrition et de Diététique 2006 ; 41 : 341-346
  11. Union Française pour la Santé Bucco Dentaire (UFSBD) http://www.ufsbd.fr/
  12. Règlement (UE) N° 432/2012 de la Commission du 16 mai 2012 établissant une liste des allégations de santé autorisées portant sur les denrées alimentaires, autres que celles faisant référence à la réduction du risque de maladie ainsi qu’au développement et à la santé infantiles
  13. Cassidy A and coll. Dietary flavonoids and risk of stroke in women. Stroke ; 2012;43:946-51.
  14. Morand C and coll. Hesperidin contributes to the vascular protective effects of orange juice : a randomized crossover study in healthy volunteers. Am J Clin Nutr 2011 ; 93 :73-80.
  15. Buscemi S and coll. Effects of red orange juice intake on endothelial function and inflammatory markers in adult subjects with increased cardiovascular risk. Am J Clin Nutr 2012 ; 95 : 1089-95
  16. L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) -Mise au point sur l’interaction médicaments et jus de pamplemousse :
    http://ansm.sante.fr/S-informer/Presse-Communiques-Points-presse/Medicaments-et-aliments-lire-la-notice-pour-eviter-les-interactions , Octobre 2008