Baisse de la consommation des jus de fruits et enjeux nutritionnels

12 février 2025

La consommation de jus de fruits a chuté de 20 % en 5 ans, souvent au profit de boissons plates et gazeuses avec sucres ajoutés et sans bénéfices nutritionnels. Une évolution préoccupante, alors que les jus sont essentiels dans l’apport en vitamines et autres nutriments pour les Français. Entre transfert de consommation vers des « soft drinks » (sodas, thés glacés, boissons énergisantes, …) avec sucres ajoutés et additifs, confusion des consommateurs et résurgence de cas de scorbut, Unijus appelle les pouvoirs publics à prendre la mesure de la situation et à agir notamment dans le cadre de l’élaboration du prochain Programme national nutrition santé 2025-2030.

 

La baisse de la consommation de jus de fruits s’accompagne d’un report de consommation sur des boissons avec sucres ajoutés

 

Les ventes de jus de fruits (frais et ambiants) ont connu une diminution de 20 % des volumes entre 2019 et 2024 et de près de 10% rien qu’en un an[1].  Dès 2023, Nielsen IQ constatait que les jus de fruits étaient délaissés, souvent au profit de boissons à sucres ajoutés, à faible teneur en fruits et dépourvues de valeur nutritionnelle. Ainsi, en 2024, les ventes de boissons plates sans alcool ont pour la première fois surpassée celles des jus de fruits. Les ventes de boissons énergisantes sont en croissance en 2024 de 9.4% en seulement une année[2]. Pour chaque litre de jus vendu, 3 litres de boissons sans alcool (plates ou gazeuses, hors eaux) sont vendus.

 

La résurgence du scorbut témoigne de la nécessité de favoriser la consommation de jus de fruits dans un contexte inflationniste afin de limiter les carences en vitamine C

 

Ces dernières années, les experts sanitaires constatent un retour du scorbut en France, en raison de carences en vitamine C, alors qu’on pensait cette maladie disparue. Les auteurs d’une étude, publiée en décembre 2024 dans The Lancet[3], font directement le lien avec la hausse des coûts de l’alimentation et la résurgence du scorbut. Or, on constate que les enfants consommant du jus de fruits sont bien plus nombreux à combler leurs besoins en vitamine C (56%) que ceux qui n’en consomment pas (19%)[4].

 

D’ailleurs, le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) recommandait[5] de limiter sa consommation de boissons sucrées à un verre par jour en privilégiant les jus de fruits, considérant que les jus de fruits ont une valeur nutritionnelle supérieure. En effet, 100mL de pur jus d’orange contient 37mg de vitamine C (0 pour le soda), 165mg potassium (2 pour le soda) ou encore 30µgde vitamine B9 (0 pour le soda).

 

Enfin, conditionnés dès la récolte, les jus de fruits ont l’avantage de permettre la consommation en toute saison, et à des coûts bien plus bas que celui des jus maison élaborés à partir de fruits frais : à titre d’exemple, en 2023, 1 verre de jus d’orange de 150mL revient à 0,23€, contre 0,92€ pour son équivalent en fruits frais pressés, soit 4 fois moins cher.

 

Le prochain PNNS doit replacer les jus de fruits dans les recommandations nutritionnelles

 

Compte-tenu de l’apport nutritionnel des jus de fruits, qui ne contiennent jamais de sucres ajoutés, et du profil des consommateurs, il est désormais temps de distinguer les boissons sucrées (sodas, boissons sucrées aux fruits, etc.) des jus de fruits dans les recommandations alimentaires. En effet, le dernier PNNS (Programme national nutrition santé) ne distingue plus les jus de fruits des sodas et autres boissons sucrées.  De fait, les jus de fruits classés Nutri-Score C se retrouvent dans une exacte équivalence avec d’autres boissons sucrées ayant un Nutri-Score E, dans les recommandations du PNNS.

Nous appelons les autorités à reconnaître les bénéfices nutritionnels des jus de fruits dans le cadre d’une consommation raisonnable et d’une alimentation équilibrée, à travers la création d’une catégorie dédiée aux jus de fruits dans le prochain PNNS, et l’intégration des jus de fruits comme une portion parmi les « 5 fruits et légumes par jour ». UNIJUS se tient à la disposition des autorités pour concevoir et promouvoir une campagne d’information publique à destination des Français.

 

Au-delà, les distributeurs et les experts ont une responsabilité sanitaire dans la valorisation et l’information sur les jus de fruits

 

Les distributeurs se doivent de préserver l’espace linéaire pour les jus de fruits dans les supermarchés. Le linéaire dédié diminue d’année en année[6], laissant les boissons sucrées, sans valeur nutritionnelle, grignoter l’espace auparavant consacré aux jus de fruits. Cette mutation des rayons en faveur des boissons sans valeur nutritionnelle engendre de la confusion, et ne répond pas aux enjeux de santé publique.

 

Enfin, il est également de la responsabilité des observateurs et acteurs de la santé, d’aider les consommateurs à sortir de la confusion entre un jus de fruits et les autres boissons aux fruits. Trop souvent assimilés à des boissons sucrées comme les sodas ou les boissons plates contenant très peu de fruits, les jus de fruits souffrent d’une perception erronée, malgré leur richesse naturelle en nutriments. Certains articles, vidéos, commentaires, entretiennent la confusion en parlant sans raison de « jus de fruits industriels » qui seraient « avec colorants, conservateurs ou sucres ajoutés ».

 

Or, la réglementation française et européenne interdit de telles pratiques. Les jus de fruits (qu’ils soient 100% pur jus ou à base de concentré) ne contiennent que les sucres déjà naturellement présents dans le fruit, et aucun colorant ni conservateur.

 

Emmanuel Vasseneix, Président d’Unijus déclare : « Il est temps que les jus de fruits soient réhabilités au risque d’une explosion de la consommation des sodas et des boissons énergisantes. Avec leurs qualités nutritionnelles reconnues dans le cadre d’une consommation raisonnée, les jus de fruit doivent jouer un rôle clé dans l’atteinte de l’objectif de consommation des « cinq fruits et légumes par jour » recommandés par le PNNS. »

 

[1] Données NielsenIQ – Périmètre HMSM + SDMP+ Drive + Proxi (hors circuits spécialisés, hors CHD)

[2] NielsenIQ  p1024

[3] Scurvy incidence trend among children hospitalised in France, 2015–2023: a population-based interrupted time-series analysis. Assad, Zein et al. The Lancet Regional Health – Europe, Volume 49, 101159

[4] Etude CCAF 2019 du Crédoc

[5] Avis du HCSP sur les repères alimentaires du 16/02/2017

[6]  Selon Nielsen ScanTrack – Données arrêtées au 29 décembre 2024 (P1324), les jus de fruits voient leur taille de linéaire se réduire drastiquement (-393 cm) et leur nombre moyen de références diminuer alors que les boissons plates sans alcool voient quant à elles la taille de leur linéaire gagner 242 cm en 2024.

 

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