La filière des jus de fruits en France est confrontée à la méconnaissance de ses produits. De nombreuses idées reçues sont propagées par la presse et les réseaux sociaux, contribuant à entretenir la confusion chez les consommateurs.
Produits du quotidien bien connus des Français, les jus de fruits sont en réalité mal compris et certains préjugés ont la peau dure : sucres ajoutés, ajout de colorants et de conservateurs, absence de vitamines… les jus de fruits du commerce sont souvent stigmatisés par de fausses informations contraires à la règlementation européenne et aux pratiques des opérateurs français.
Dans un objectif pédagogique, nous avons listé ci-dessous les idées reçues les plus répandues sur les jus de fruits.
Idée reçue n°1
Les jus de fruits contiennent des sucres ajoutés : faux !
Aucun sucre n’est ajouté aux jus de fruits : tous les jus de fruits contiennent uniquement les sucres naturels des fruits. La réglementation française dans un 1er temps puis européenne depuis plusieurs années interdit l’ajout de sucres dans les jus de fruits (directive 2012/12) dans toute l’Europe.
Seuls les nectars peuvent contenir du sucre ajouté. Et sur cette catégorie aussi, on observe sur le marché français de plus en plus de références sans sucres ajoutés.
Idée reçue n°2
Les fabricants de jus de fruits et nectars ajoutent des colorants et conservateurs : faux !
La réglementation européenne qui encadre le marché des jus et nectars de fruits impose les caractéristiques des matières premières qui peuvent être utilisées, les procédés de fabrication, les additifs et autres ingrédients autorisés ou interdits.
Elle interdit l’utilisation de colorants et de conservateur aussi bien pour les jus de fruits, les jus de fruits à base de concentré que pour les nectars.
Idée reçue n°3
Les jus de fruits industriels sont plus sucrés que les jus pressés à la maison : faux !
Conformément à la règlementation, les jus de fruits industriels contiennent uniquement les sucres naturels des fruits (glucose, fructose, saccharose) et aucun sucre ajouté. La teneur en sucre varie donc seulement en fonction de la teneur naturelle en sucres des fruits dont ils sont issus.
Il n’y a donc aucune raison pour penser qu’un jus industriel soit plus sucré qu’un jus que vous feriez à la maison !
Idée reçue n°4
Les vitamines sont totalement détruites au cours du processus de fabrication : faux !
Les vitamines des jus de fruits du commerce sont largement préservées car les fruits produits pour leurs jus sont sélectionnés avec soin, cueillis à maturité, pressés à proximité du lieu de récolte et transportés rapidement vers un lieu de conditionnement.
Les jus de fruits doivent également cette bonne préservation des qualités nutritionnelles des fruits à la maîtrise des traitements thermiques qui leur sont appliqués ainsi qu’à celle du conditionnement et de la qualité des emballages utilisés.
Contrairement aux idées reçues, la vitamine C est stable et résiste bien aux procédés de fabrication des jus de fruits. Une étude comparative publiée en 2016 a montré que la teneur moyenne en vitamine C des jus industriels équivaut à 85% de celle des jus pressés à la maison. Plusieurs échantillons ont même présenté une teneur plus élevée que celle des jus maisons.
Conformément à la règlementation en vigueur, les jus de fruits contiennent généralement au moins 20 mg/100mL. Ainsi, boire un verre de jus d’orange (150 mL) revient à couvrir une bonne partie de son besoin quotidien en vitamine C. Les jus de fruits sont d’ailleurs les premiers contributeurs aux apports en vitamine C chez les enfants et adolescents en France. Un vrai atout quand on sait que la majorité des Français ne consomme pas assez de vitamines C !
Ils apportent aussi de la vitamine B9 (dite aussi acide folique ou folates) présente en quantité significative dans le jus d’orange par exemple. Ainsi, boire un verre (150 ml) de jus d’orange permet de couvrir plus d’un quart des apports quotidiens de référence en vitamine B9. Chez les enfants et adolescents, les jus de fruits sont les 3èmes contributeurs aux apports en vitamines B9.
Les jus de fruits contiennent aussi des minéraux, qui sont insensibles au traitement thermique.
Vous pouvez vous fier aux étiquettes car les quantités déclarées sont les quantités garanties jusqu’à la fin de vie du produit… à condition de bien conserver les jus de fruits à la maison ! Sachant que l’air et la lumière sont les principaux facteurs de perte en vitamines, veillez à les stocker dans un endroit sec à l’abri de la lumière et également à respecter la date limite d’utilisation optimale du produit figurant sur l’emballage. Enfin, le produit doit être consommé rapidement après ouverture.
Idée reçue n°5
Les jus de fruits industriels sont remplis d’additifs : faux !
Extrêmement peu d’additifs sont autorisés pour les jus de fruits et nectars. Et les substances autorisées sont d’ailleurs celles que l’on retrouve naturellement dans les fruits comme l’acide citrique (jus de citron) ou l’acide ascorbique (vitamine C), pour leur rôle d’acidifiant et d’antioxydant.
Dans tous les cas, tout est inscrit en toute transparence sur l’emballage : tout additif utilisé est indiqué dans la liste d’ingrédients. Il n’y a donc jamais de surprise pour les consommateurs.
Idée reçue n°6
Les consommateurs de jus de fruits consomment moins de fruits et légumes : faux !
Plusieurs études sur les comportements alimentaires montrent que les consommateurs de jus de fruits consomment plus de fruits sous toutes leurs formes (frais, compotes, jus) que les non-consommateurs (surtout pour les enfants), et sont donc plus nombreux à atteindre les recommandations du PNNS des 5 fruits et légumes par jour.
Par ailleurs en France, les enquêtes du Crédoc sur les Comportements et Consommations Alimentaires des Français (CCAF) montrent une augmentation de la consommation de fruits et légumes chez les adultes consommateurs de jus de fruits entre 2016 et 2019. Il n’y a donc pas de contradiction entre consommation de jus de fruits et consommation de fruits frais.
Idée reçue n°7
Les jus à base de concentré sont dilués avec de l’eau : faux !
Les jus à base de concentré obéissent à la même réglementation que les purs jus qui interdit tout ajout de sucres ou édulcorants mais également de conservateurs ou de colorants.
Les jus de fruits à base de concentré comptent une étape supplémentaire lors de leur fabrication : la concentration. Tout comme les purs jus, on commence par presser les fruits. Leur jus est ensuite concentré par évaporation d’une partie de l’eau ; on obtient une sorte de liquide très épais. Cette étape permet de faciliter le stockage et le transport. L’eau évaporée est ensuite restituée lors de l’embouteillage dans les mêmes quantités. Cette quantité d’eau à restituer est définie par la réglementation et doit être strictement celle qui a été extraite lors de la concentration. Il n’y a donc aucune dilution. On obtient ainsi une teneur en fruits de 100% après reconstitution avec la bonne quantité d’eau. Ce critère est d’ailleurs très facilement contrôlable et l’est très souvent par les Autorités publiques et par l’organisme de contrôle de la profession : Qualijus.
La réhydratation du concentré est basée sur un critère très précis, défini pour chaque fruit au niveau européen : le degré brix. Des contrôles sont systématiquement réalisés chez tous les conditionneurs pour vérifier ce point.
Idée reçue n°8
Un jus de fruits, c’est une boisson sucrée comme les autres : faux !
Un jus de fruits, c’est une boisson qui contient les sucres naturels des fruits ainsi que l’essentiel des vitamines, minéraux et autres micro-constituants des fruits dont ils sont issus. Ce n’est pas le cas pour les autres boissons sucrées.
Si l’on regarde dans les tables officielles de composition nutritionnelle (Ciqual de l’Anses), c’est très clair : les boissons sucrées sans jus de fruits ne contiennent aucune vitamine et apportent uniquement du sucre. Certaines boissons aux fruits, contenant entre 10 et 50% de jus de fruits, peuvent avoir de la vitamine C (maximum 12mg/100mL soit 2 à 3 fois moins qu’un jus de fruits).
Même si certaines boissons rafraîchissantes peuvent être pour certaines moins sucrées que les jus de fruits (car il y a possibilité de diminuer les teneurs en sucres ajoutés), il n’en demeure pas moins qu’elles ne présentent pas le même niveau nutritionnel pour ce qui est des vitamines et minéraux.
Idée reçue n°9
Les Français consomment trop de jus de fruits : faux !
En France, la consommation des jus de fruits est tout à fait raisonnable, stable et structurée :
De plus, les jus de fruits ont toute leur place dans l’équilibre alimentaire : ils apportent une quantité significative de vitamines C et B9 et contribuent modérément aux apports en sucres et énergie. Par exemple, la contribution des jus et nectars de fruits aux apports en glucides simples chez les enfants est inférieure à 10%.
Idée reçue n°10
Les jus de fruits industriels sont mauvais pour la santé : faux !
Dire que les jus de fruits sont responsables de l’apparition d’une maladie, quelle qu’elle soit, n’a que peu de sens. Les maladies chroniques (diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, etc.) sont multifactorielles et ne peuvent pas être reliées directement à un seul aliment. Les études scientifiques disponibles étudiant l’impact santé de la consommation de jus de fruits, lorsqu’elles ont cherché à étudier les jus séparément des autres boissons sucrées, concluent bien souvent à une absence d’impact, voire à un impact positif.
Par ailleurs, dans un contexte de consommation toujours trop faible de fruits et légumes, de problématique d’accessibilité prix à l’alimentation, les jus ont un rôle à jouer pour permettre aux Français de compléter leurs apports en vitamines et minéraux. Et quand on sait par exemple que les enfants n’aiment pas spécialement les légumes crus ou les fruits à croquer qui leur apporteraient le plus de nutriments, un verre de jus d’orange le matin leur assure déjà la quasi-totalité de leurs apports journaliers en vitamine C, ce qui n’est pas négligeable.
Idée reçue n°11
Les jus de fruits industriels sont de moins bonne qualité que les jus de fruits pressés à la maison : faux !
Le goût d’un jus fait maison reste la référence pour beaucoup de consommateurs. Il y a effectivement une différence de goût sans pour autant pouvoir préjuger duquel sera meilleur, cela dépendant des préférences et habitudes de consommation de chacun.
Le goût du jus « pressé minute » présente toute la fraîcheur du fruit cru souvent recherchée et dont de plus en plus de jus vendus dans le commerce se rapprochent, notamment les jus du rayon frais et en particulier les jus stabilisés par haute pression à froid (HPP).
Le chauffage du produit lors de la pasteurisation change en partie le goût du jus de fruits. Par exemple, lorsque l’on cuisine des carottes à la maison, on sent très clairement la différence de goût entre la carotte crue et la carotte cuite. Pour le jus, c’est la même chose. Si le chauffage est moindre, comme pour la flash-pasteurisation, le goût changera moins et s’il n’y a pas de chauffage mais un traitement par haute pression, le goût du fruit cru est conservé.
Les jus de fruits du commerce sont également élaborés à partir de fruits récoltés au meilleur moment de maturité et qui présenteront donc les meilleures qualités organoleptiques, aromatiques et nutritionnelles au moment du pressage…
Concernant leurs valeurs nutritionnelles, elles sont globalement très proches. Les différences pouvant être liées aux procédés de fabrication et aux variétés de fruits utilisées.
C’est ce que nous indique une étude scientifique réalisée sur le jus d’orange publiée en 2016 :
D’un point de vue plus général, l’intérêt d’un jus de fruits du commerce réside également dans sa praticité de consommation au quotidien, la diversité de son offre disponible toute l’année, son temps de conservation et son côté économique par rapport à des fruits frais pressés maison. Les jus de fruits du commerce ont également l’avantage de constituer des produits de qualité gustative et nutritionnelle constante tout au long de l’année.