12 septembre 2022
La filière des jus de fruits n’échappe pas à l’envolée des prix de ses intrants depuis plus d’un an. L’augmentation des coûts impacte l’ensemble des postes de la chaîne de production, que ce soient les prix des fruits et des jus de fruits achetés, ceux des emballages, du transport ou encore de l’énergie. La situation est inédite.
Le diagnostic global partagé par l’ensemble du secteur de l’agro-alimentaire est désormais connu. Ces augmentations trouvent leur origine dans la vigoureuse reprise économique post-covid au niveau mondial à partir de 2021 (problème du fret maritime, demande croissante en énergie, …), sur fond d’aléas climatique dans certaines régions du monde (sécheresse, gel, …), de tensions géopolitiques fortement accrues depuis la guerre Ukraine/Russie et d’une parité euro/dollar défavorable pour les achats des fruits payés en dollar.
De l’avis de tous les acheteurs et courtiers du secteur, le marché a été bouleversé et ne suit plus les mêmes logiques économiques. A tel point que leur métier a complètement changé en peu de temps. Nous sommes désormais dans un monde marqué par l’imprévisibilité permanente où il est difficile de prévoir l’évolution des prix. Historiquement, une bonne disponibilité de fruits était synonyme de prix raisonné pour les acheteurs de jus de fruits. Mais ce raisonnement est révolu. D’autres facteurs vont justifier des hausses de prix telle que l’augmentation des charges de production, les pénuries de ressources humaines, ou le coût des transports.
Le niveau de tensions actuel est extrême.
La répartition des postes de coûts sur la chaîne de production d’un jus de fruits est la suivante : 60-80% pour les matières premières (fruits, jus de fruits) ; 10-20% pour les emballages ; 10-20% pour les frais fixes (énergie, personnel, frais de fonctionnement, …).
DEUXIEME POSTE DE COÛT POUR LES PROFESSIONNELS DES JUS DE FRUITS, LES PRIX DES EMBALLAGES EXPLOSENT
La filière des jus de fruits, comme d’autres secteurs de l’agro-alimentaire, subit de plein fouet de fortes tensions sur les emballages qu’elle utilise à tous les niveaux de la production. Les prix s’envolent depuis un an (source adhérents – Mintec) :
Les industriels font non seulement face à ces augmentations de prix vertigineuses mais également aux difficultés d’approvisionnement. C’est particulièrement vrai pour les emballages de verre avec la combinaison de deux facteurs principaux (fermetures de fournisseurs verriers en Ukraine pour cause de guerre et dans plusieurs autres pays européens en raison des coûts énergétiques qui les poussent à cesser leur activité).
TROUVER UN TRANSPORTEUR ROUTIER DEVIENT UN CASSE-TETE SANS FIN
La problématique des transports routiers (national et européen) pose un défi qui pourrait redessiner à terme certains flux logistiques. La profession des transporteurs doit affronter deux crises principales : la hausse des coûts en énergie et le manque de personnel. Le prix du transport routier a augmenté d’environ 25% (impact du manque de véhicules et du coût du gasoil).
La filière des jus de fruits n’est donc pas épargnée par ces difficultés et ces prix à la hausse autant en amont qu’en aval des usines de conditionnement.
C’est du jamais vu. Les facture d’électricité et de gaz explosent pour ceux qui sont en renouvellement de contrat (indice prix EPEX pour l’électricité : x5 et indice prix TTF pour le gaz : x 3 ; août 2022 versus 2021). Ceci se chiffre en plusieurs millions d’euros d’augmentation pour chaque société de production.
Mot du président d’Unijus, Emmanuel Vasseneix : « Je n’ai jamais connu une telle situation dans toute ma carrière. Si je suis admiratif de la capacité de résilience de nos sociétés et de nos équipes, cette situation n’est pas tenable. La combinaison de l’inflation de l’énergie, des matières premières agricoles et non agricoles, du transport et de la parité euro/dollar a entraîné des augmentations des prix de production des jus de fruits sans précédent. Il est plus que jamais important de retrouver un cercle vertueux permettant à chaque maillon de la chaîne de dégager de la marge. Les industriels ne peuvent pas absorber toutes ces augmentations. Il est nécessaire qu’elles soient prises en compte par nos clients. Nous en appelons également à l’Etat pour la problématique énergétique en créant un bouclier énergétique pour les industriels comme pour les particuliers. »