9 juillet 2024
L’intervention d’Adolé Akue-Goeh de NielsenIQ met en lumière la forte inflation alimentaire en France, qui fragilise le pouvoir d’achat d’un Français sur trois. Cette situation conduit à une réduction de la consommation, particulièrement notable dans les boissons sans alcool (BSA), une décroissance inédite depuis 2017 malgré une augmentation du chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros en 2022. Pour Pascale Hébel de C-Ways, l’inflation élevée perturbe fortement la consommation alimentaire, particulièrement chez les jeunes et les familles avec enfants. Les consommateurs cherchent à réduire leurs dépenses en adoptant diverses stratégies, comme la lutte contre le gaspillage alimentaire, l’autoconsommation et l’achat de produits moins coûteux. A été souligné la forte progression des dépenses contraintes en particulier sur le logement et l’énergie amenant les Français à faire des arbitrages sur l’alimentation.
Les acheteurs réduisent les quantités de BSA dans leurs paniers, même s’ils achètent plus fréquemment en petites quantités. Tous les segments de boissons, alcoolisées et non alcoolisées, sont en recul, avec une baisse marquée pour les bières. Toutefois, les softs et eaux aromatisées récupèrent des parts de marché, tandis que les jus réfrigérés subissent une perte de volume. Concernant les jus de fruits, il y a un intérêt croissant pour les produits sains et riches en vitamines, poussant certains consommateurs à privilégier ces options malgré les contraintes économiques. Cependant, la consommation globale de jus de fruits est en baisse en raison de la nécessité de réduire les dépenses alimentaires.
Les reports de consommation montrent que les individus se tournent vers des produits moins chers et plus caloriques, comme les pâtes, pour compenser la diminution de leur pouvoir d’achat. Les familles et les personnes seules, notamment les plus âgées, sont particulièrement affectées, adoptant des régimes alimentaires moins diversifiés et sautant parfois des repas. La tendance à consommer des snacks et des repas rapides augmente, particulièrement en raison du télétravail qui modifie les habitudes de repas.
Les Français ne veulent pas de produits ultra-transformés et cherchent des boissons sans additifs ni colorants. Les mentions telles que « naturel », « sans conservateurs » et le Nutri-Score influencent fortement les décisions d’achat. Pourtant, bien que naturels et sans additifs, les jus de fruits voient une baisse continue de leurs ventes en volume depuis 2013. En 10 ans, le secteur a perdu 25% de ses volumes de ventes !
Les produits « plaisir » comme les boissons gazeuses sans alcool et les confiseries sont en croissance, les consommateurs cherchant à se réconforter dans un contexte anxiogène. Positionner les jus comme des produits « plaisir sain » est à explorer. Les promotions restent un levier crucial pour stimuler les ventes, bien que les jus soient moins promotionnés que d’autres boissons sans alcool. Les segments de snacking sucré et apéritif résistent bien, avec une tendance croissante au grignotage.
Mettre en avant les bénéfices santé et la naturalité des produits est essentiel. La communication doit se concentrer sur les atouts nutritionnels des jus et leur impact positif sur l’immunité. L’innovation est clé pour capter les moments de consommation, particulièrement en télétravail ou lors d’événements comme le « Dry January ». Les pistes suivantes ont été dégagées par les experts pour rebooster la catégorie : les jus de fruits à teneur réduite en sucre, la poussée du sans alcool (no-lo), la cocktailisation et l’exotisme (tendance asiatique en forte progression).
La population française évolue, avec une augmentation des foyers mono-ménage qui atteindront près de 40% dans les années à venir. Les formats plus petits et adaptés aux nouveaux modes de vie sont à privilégier.
La santé reste une priorité pour de nombreux consommateurs, avec une augmentation notable de l’utilisation de compléments alimentaires pour pallier les carences nutritionnelles dues à la réduction de certains aliments dans leur régime quotidien. La polarisation entre les catégories de population se renforce, les plus nantis continuant à investir dans leur santé tandis que les plus modestes doivent faire des sacrifices alimentaires importants.
L’inflation alimentaire et les changements économiques influencent profondément les habitudes de consommation des boissons en France. Les entreprises doivent adapter leurs stratégies de communication et d’innovation pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, en mettant l’accent sur la naturalité et les bénéfices santé de leurs produits. Les tendances actuelles montrent une préférence pour les produits de plaisir et une nécessité d’offrir des formats adaptés aux modes de vie en évolution. La clé du succès réside dans la capacité à s’adapter rapidement aux nouvelles réalités du marché.
